Tabac chauffé

Dans les pays occidentaux, la consommation de cigarettes est depuis une dizaine d’années en continuelle décroissance, ceci grâce aux politiques gouvernementales de prévention du tabagisme

C’est dans ce contexte que les industriels du tabac, tenant à conserver le marché de la nicotine, ont investi depuis une décennie plusieurs milliards de dollars en recherche et en tests, et commercialisent depuis 2015 de nouveaux dispositifs de diffusion de la nicotine, en remplacement de la cigarette traditionnelle. Leur politique marketing met en avant prioritairement les aspects sanitaires de ces produits se voulant moins nocifs pour la santé. D’autres avantages, comme l’absence de cendres et d’odeurs désagréables sont également promus. Les consommateurs visés sont notamment les fumeurs qui souhaitent consommer des produits moins toxiques, mais n’apprécient pas la cigarette électronique. L’industrie du tabac tient à commercialiser des produits à risques réduits qui donnent autant de satisfaction aux fumeurs que les cigarettes classiques : les recherches récentes (menées par les cigarettiers eux-mêmes) démontrent qu’il est possible de délivrer des doses de nicotine satisfaisantes par inhalation. Compte tenu de l’apparente absence de combustion et de fumée, les fabricants affirment que ces nouveaux produits réduisent de 90 à 95% la production des composés nocifs présents dans la fumée des cigarettes conventionnelles. Pour ces différentes raisons, ces produits sont présentés par l’industrie comme des produits à risques potentiellement réduits. Néanmoins, des études indépendantes sont nécessaires pour confirmer ce potentiel de réduction des risques.

A ce jour en Suisse, seule une étude indépendante menée par l’Institut universitaire romand de santé au travail (IST) et par la Policlinique médicale universitaire (PMU) a caractérisé et quantifié certains composés présents émis par le produit iQOS. Les chercheurs ont observé que l’iQOS émettait de la fumée et relâchait des composés toxiques également présents dans la fumée d’une cigarette conventionnelle (composés organiques volatils, hydrocarbures aromatiques polycycliques cancérigènes et monoxyde de carbone). Bien que la concentration de la plupart d’entre eux soit effectivement moins élevée que dans la fumée de la cigarette conventionnelle, les chercheurs ont cependant trouvé la présence importante d’autres substances nocives telles que l’acroléine et l’acénaphtène, deux substances irritantes majeures de la fumée de tabac. Abstract de l’article paru dans le JAMA Internal Medicine. Les chercheurs concluent que la réalisation d’autres études indépendantes est nécessaire pour être en mesure d’évaluer les effets sur la santé suite à l’usage de l’IQOS, et le cas échéant, de vérifier si la réduction des composés toxiques induit ou non une réduction des risques pour la santé.

Aperçu :

iQos (Philip Morris) et Glo (British American Tobacco) sont des boîtiers électroniques dans lesquels on introduit un bâtonnet appelé «stick» ou «HeatStick», un petit rouleau de tabac trempé dans la glycérine qui ressemble à une cigarette en plus court. Une plaque métallique dans l’appareil chauffe le tabac à 240 (Glo) ou 350 (iQos) degrés. Ce qui en sort passe au travers d’un petit ensemble de filtres et de chambres avant d’être inhalé. Le stick chauffé subit une pyrolyse (combustion incomplète) qui génère tout de même des produits qui peuvent être nocifs (substances irritantes, goudrons, monoxyde de carbone) en quantité variable.

Selon nos informations, Glo ne serait actuellement plus disponible en Suisse.

Pour donner une image de ce qu’est la pyrolyse, imaginez des aliments carbonisés comme du pain oublié dans le toaster ou un poulet dans le four. ToastBrule poulet brule